Traces, histoire et mémoire dans le monde arabe

Séminaire Jâhiliyya - Histoire et mémoire de l’Arabie préislamique

Responsable : Prof. Eric Vallet, e.vallet[at]unistra.fr

L’histoire de l’Arabie pré-islamique, désignée sous le nom d’« âge de l’ignorance » (Jāhiliyya) dans la tradition arabo-islamique a longtemps été écrite exclusivement à partir de sources arabes tardives, cherchant à exalter l’antiquité et les vertus des anciens Arabes, ou à blâmer leurs défauts. Les nombreuses découvertes d’inscriptions ou de vestiges matériels faites en Arabie au cours des dernières décennies et la prise en compte des sources orientales non arabes bouleversent cette histoire. Elles invitent non seulement à revisiter l’histoire de l’Arabie au VIe siècle mais aussi à revenir sur la façon dont le discours historique sur les anciens Arabes s’est construit et développé à partir du VIIIe siècle jusqu’à produire une véritable « invention de la tradition », nécessaires pour garantir l’unité culturelle et politique des maîtres de l’Empire islamique.

Ce projet prend la forme d'une séminaire de formation et de recherche organisé depuis 2020.

Le séminaire Jâhiliyya 1 (2020-2021) s'est proposé d'étudier les étapes et les formes de cette « invention de la tradition » jâhilite sur la longue durée (programme ici).

Jâhiliyya 2 (2021-2022) s'est penchée plus particulièrement sur l’évolution des formes de l’autorité  en Arabie, depuis la conversion de Himyar au judaïsme, jusqu’à l’essor des pouvoirs autonomes en Arabie à l’ombre des califats au Xe siècle (programme ici).

Jâhiliyya 3 (2022-2023) approfondit cette question en s'intéressant tout particulièrement à une question : Peut-on écrire la (pré)histoire de Quraysh (VIe-IXe siècle) ?

 

Projet BADR - Écriture et mémoire de la bataille de Badr (VIIIe- XXIe siècle)

Projet financé par l'Institut français d'islamologie, hébergé par le G.E.O

Porteurs du projet : Adrien de Jarmy, Renaud Soler et Eric Vallet

Post-doctorant BADR (2023-2025) : Clarck Junior Membourou Moimecheme

 

Considérée comme la première des grandes victoires des musulmans, remportée par les hommes rassemblés autour de Muhammad moins de deux ans après l’Hégire (Ramadān an 2/624), la bataille de Badr constitue l’un des épisodes majeurs de l’Islam naissant autour duquel se sont cristallisées au fil des siècles différentes constructions mémorielles, concomitantes ou successives, concurrentes ou convergentes, dont certaines trouvent des prolongements jusqu’à aujourd’hui. Qu’il s’agisse de sa mobilisation lors de conflits interatiques (guerre du Kippour ; guerre Iran-Irak) ou par la propagande des mouvements jihadistes, les récits associés à Badr servent comme un répertoire d’actions, de situations et de discours pouvant être mobilisés dans des contextes de confrontation ou de conflits variés, à côté d’autres batailles fameuses des débuts de l’Islam (Uhud, Khandaq, Tabūk).

L’objectif de ce projet sera d’étudier la façon dont se sont développés les différents récits portant sur la bataille et ses suites, et quelle a été son empreinte dans les sociétés marquées par le fait islamique, depuis ses premières traces, jusqu’à ses réinterprétations les plus récentes, en nous appuyant notamment sur le renouveau actuel des travaux consacrés en France aux récits portant sur la vie du Prophète de l’islam (Soler 2021 ; Gril, Reichmuth et Sarmis 2021), que ce projet permettra de prolonger et d’approfondir.